Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/155

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dans mes idées. Elle marqua quelque trouble, en me voyant si tôt arriver, et dans son embarras elle me fit des excuses de la lenteur de son esclave. Je la rassurai par un discours modeste, qui ne lui laissa rien à craindre de mes intentions. Qu’elle était belle néanmoins dans cet état, et que tant de charmes étaient propres à me faire oublier mes résolutions !

« Vous m’avez promis, lui dis-je d’un ton sérieux, des explications que je brûle d’entendre ; mais permettez qu’elles soient précédées des miennes. À quelques désirs que je me sois hier livré, vous avez dû juger par la soumission que j’eus pour les vôtres, que je ne désire point d’une femme ce qu’elle n’est pas portée à m’accorder volontairement. J’ajoute aujourd’hui à cette preuve de mes sentiments une déclaration qui va l’affirmer. C’est que dans quelque vue que vous ayez consenti à m’accompagner ici, vous aurez toujours la liberté de les suivre comme vous avez à présent celle de les expliquer. »

Je m’imposai silence, en finissant ce discours ; et je résolus de ne le pas rompre qu’elle n’eût achevé le sien. Mais après m’avoir regardé un moment, je fus surpris de lui voir répandre quelques larmes, et lorsque l’inquiétude que j’en ressentis m’eut fait oublier ma résolution pour lui demander ce qui les causait, mon étonnement augmenta encore de sa réponse. Elle me dit