Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/165

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ma nation, qui vous deviendra utile par la familiarité qu’elle vous donnera tout d’un coup avec une infinité d’excellents livres. Vous retrancherez de mes propositions, ou vous y ajouterez tout ce qui vous sera inspiré par votre goût, et vous serez toujours sûre de voir exécuter ce qui pourra vous plaire. »

Je n’examinais point d’où me venait la chaleur qui animait toutes ces offres, et Théophé ne s’arrêta point non plus à cette discussion. Elle crut voir dans ma franchise des raisons assez fortes pour céder à mes instances. Elle me dit que devant toute ma générosité, son obstination devait lui faire appréhender de s’en rendre indigne et qu’elle acceptait des offres, trop heureuses pour elle, si j’étais fidèle à les exécuter. Je ne sais comment je trouvai assez de force pour retenir le mouvement qui me portait à me jeter à genoux devant son lit, et à la remercier de ce consentement comme d’une faveur.

« Nous commencerons sur-le-champ, lui dis-je avec plus de joie que je n’en voulais faire éclater, et vous reconnaîtrez quelque jour que je mérite votre confiance. »

Ce sentiment était sincère. Je la quittai, sans m’être même hasardé à lui baiser la main, quoique l’ayant la plus belle du monde, elle m’en eût inspiré cent fois le désir dans les mouvements qu’elle avait faits pendant notre entretien. Mon dessein était de retourner aussitôt à Constantinople, non