Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/168

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mon cœur osait s’en promettre, il me semblait que de quelques sentiments qu’il pût se remplir, l’avenir ne m’offrait que des facilités sur lesquelles je pouvais me reposer. Mais ne pouvant me dispenser d’entrer dans quelque explication avec le Sélictar, les raisons que j’avais préparées la veille, et qui m’avaient paru capables de l’apaiser, perdaient leur force pour moi-même à mesure que le moment s’approchait de les lui faire goûter. Celle dont j’avais espéré le plus d’effet était la crainte de son père, qui aurait eu plus de droit que jamais, non seulement de l’exclure de sa famille, mais de solliciter sa punition, si elle s’était livrée volontairement à l’amour d’un Turc. Ma protection, dans le cas où elle était, la mettait plus à couvert que celle du Sélictar. Cependant, outre l’idée qu’il avait lui-même de son crédit, je ne pouvais lui confesser qu’elle était chez moi, sans retomber dans la nécessité de l’y recevoir aussi souvent qu’il lui plairait de s’y présenter. C’était attirer autant de chagrins à Théophé qu’à moi-même. Dans cet embarras, je pris un parti tout différent, et le seul peut-être qui pût me réussir avec un homme aussi généreux que le Sélictar ; j’allai chez lui directement. Je n’attendis pas qu’il rendît mon entreprise plus difficile par ses plaintes, et, prévenant même toujours ses questions, je lui appris que le motif qui avait fait rejeter ses offres, était un penchant déclaré de la jeune Grecque