Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/167

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que j’avais de Théophé je n’eusse pas besoin d’un Argus auprès d’elle, je pris un tempérament entre le conseil que je recevais et ce que je crus pouvoir accorder à la prudence.

« Je ne me conduis point, dis-je à Bema, par les maximes de votre pays, et je vous déclare d’ailleurs que je n’ai aucun droit sur Théophé qui m’autorise à lui imposer des lois. Mais si vous êtes capable de quelque discrétion, je vous charge volontiers d’avoir l’œil ouvert sur sa conduite. La récompense sera proportionnée à vos services, et surtout à votre sagesse, ajoutai-je, car j’exige absolument que Théophé ne s’aperçoive jamais de la commission que je vous donne. »

Bema parut extrêmement satisfaite de ma réponse. Sa joie m’aurait peut-être été suspecte, si les personnes de qui je tenais cette esclave, ne m’eussent vanté presque également sa prudence et sa fidélité. Mais je ne voyais rien d’ailleurs dans une commission si simple, qui demandât plus que de la médiocrité dans les deux qualités dont on m’avait répondu.

Ce qui m’occupa le plus en retournant à la ville, fut la difficulté de satisfaire le Sélictar, qui ne pouvait ignorer longtemps ni que Théophé avait quitté le maître de langues, ni même que je lui avais accordé une retraite dans ma maison. J’étais devenu tout d’un coup tranquille sur ce qui la regardait, depuis que j’étais sûr de l’avoir sous ma conduite, et, sans examiner ce que