Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/187

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remords, puisqu’il en avait joui si longtemps avec cette tranquillité, et c’était apparemment pour les pousser plus loin qu’il avait pensé à se délivrer de l’incommode qualité de frère. Mais il vit toutes ses espérances ruinées par ma réponse. Sans lui reprocher son amour, je lui dis que la vérité étant indépendante de son consentement ou de son désaveu, ce n’était pas le discours qu’il m’avait tenu, ni la légèreté avec laquelle je le voyais changer de langage, qui régleraient mes idées sur la naissance de sa sœur ; mais que j’en tirais une conclusion plus infaillible pour la certitude de ses propres sentiments ; qu’en vain la bouche se rétractait, quand le cœur s’était expliqué ; et que pour lui apprendre en un mot ce que je pensais de lui, je le regardais comme un lâche, qui s’était reconnu pour le frère de Théophé, qui avait désavoué ce titre, et qui s’offrait à le reprendre par des raisons beaucoup plus méprisables que celles de son père. J’avoue que c’était à mon ressentiment que j’accordais cette espèce d’injure. Ensuite, lui défendant de répliquer, j’appelai un de mes gens, à qui je donnai ordre de le reconduire sur-le-champ à Constantinople.

Je le quittai, sans faire attention à son chagrin ; et m’étant souvenu seulement de la permission que je lui avais donnée de faire ses adieux à sa sœur, je la rétractai, par une défense absolue de lui parler avant son départ.