Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/36

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mon pays ne lui fît souhaiter de lier avec moi quelqu’intrigue d’amour.

En réfléchissant sur les dangers de cette entreprise, je ne fis que me confirmer dans ma première résolution. Cependant, le désir naturel d’obliger une femme aimable, à qui je supposai que sa condition allait devenir un supplice, me fit chercher s’il était impossible de lui procurer la liberté par des voies honnêtes. Il me vint à l’esprit d’en essayer une, qui ne devait exercer que ma générosité, par l’engagement que je voulais prendre de payer sa rançon. La crainte de choquer le Bacha par mes offres était capable de m’arrêter. Mais je formai un plan qui satisfît toute ma délicatesse. J’étais lié fort étroitement avec le Sélictar, qui est un des plus importants personnages de l’Empire. Je résolus de m’ouvrir à lui sur le désir que j’avais d’acheter une esclave qui appartenait au Bacha Chériber, et de l’engager à se charger de cette proposition comme s’il eût souhaité de faire le marché pour lui-même. Le Sélictar y consentit, sans me faire trop valoir un service si léger. Je le laissai le maître du prix. La considération que Chériber avait pour son rang, le rendit plus facile que je n’osais l’espérer. J’eus dès le même jour la parole du Sélictar, qui me fit avertir en même temps qu’il m’en coûterait mille écus.

Je m’applaudis d’un si bel emploi de cette somme ; mais étant à la veille d’obtenir ce