Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/45

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une satisfaction que je m’empresserais de vous accorder. Mais je sais au contraire qu’elle regarderait comme le dernier malheur de retomber dans un sérail, et c’est l’unique raison qui m’ait fait prendre intérêt à son sort. »

Il ne put s’empêcher de revenir ici aux principes de sa nation.

« Faut-il consulter, me dit-il, les inclinations d’une esclave ? »

Je pris le parti de lui ôter sur le champ ce prétexte.

« Ne lui donnez plus ce nom, répondis-je ; je ne l’ai achetée que pour la rendre libre : elle l’est depuis le moment qu’elle est sortie des mains de Chériber. »

Il parut extrêmement consterné de cette déclaration… Cependant comme je voulais me conserver son amitié, j’ajoutai qu’il n’était pas impossible que la tendresse et les offres d’un homme de son rang ne touchassent le cœur d’une fille de cet âge, et je lui engageai ma parole de consentir à tout ce qui me paraîtrait volontaire. Je lui proposai de ne pas remettre plus loin cette épreuve. Il reprit quelqu’espérance. La jeune Grecque fut appelée. Ce fut moi-même qui servis d’interprète aux sentiments du Sélictar ; mais je voulus qu’elle connût tous ses avantages, afin qu’il ne manquât rien à la liberté de son choix.

« Vous êtes à moi, lui dis-je ; je vous ai achetée de Chériber par la médiation du