Sélictar. Mon intention est de vous rendre heureuse, et l’occasion s’en offre dès aujourd’hui. Vous pouvez trouver ici dans la tendresse d’un homme qui vous aime et dans l’abondance de toutes sortes de biens, ce que vous chercheriez peut-être inutilement dans tout le reste du monde. »
Le Sélictar, qui trouva mon langage et mon procédé sincères, s’empressa d’y joindre mille promesses flatteuses. Il prit son Prophète à témoin qu’elle tiendrait le premier rang dans son sérail. Il lui fit l’exposition de tous les plaisirs qui l’attendaient, et du nombre d’esclaves qu’elle aurait pour la servir. Elle écouta son discours ; mais elle avait pris le sens du mien.
« Si vous pensez à me rendre heureuse, me dit-elle, il faut me mettre en état de profiter de votre bienfait. »
Cette réponse ne pouvant me laisser d’incertitude, je ne pensai plus qu’à lui fournir toutes les armes qui pouvaient la défendre contre la violence, et quoique je n’en appréhendasse point d’un homme tel que le Sélictar, cette précaution me parut utile par mille raisons. Autant les Turcs gardent peu de ménagement pour leurs esclaves, autant respectent-ils les femmes libres. Je voulais qu’elle fût à couvert de tous les périls de sa condition.
« Suivez votre penchant, lui dis-je, et ne vous formez pas de crainte, ni de ma part ni de celle d’un autre, car vous n’êtes plus