Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/67

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cours de la nuit suivante un parti que vous attribueriez à mon désespoir, si je ne vous assurais que je le pris avec beaucoup de tranquillité. Les grandes espérances de mon père, que je me rappelais sans cesse, eurent la force de soutenir mon courage. À peine crus-je mes hôtes endormis que, sortant de chez eux dans l’état où j’y étais venue, je m’engageai seule dans les rues de Constantinople, avec le dessein vague de m’adresser à quelque personne de distinction pour lui abandonner le soin de ma fortune. Une idée si mal conçue ne pouvait réussir heureusement. Je n’en fus persuadée que le lendemain, lorsqu’ayant passé le reste de la nuit dans un extrême embarras, je ne vis pas mieux pendant le jour par quel moyen je pourrais m’en délivrer. Je ne trouvais dans les rues que des personnes du peuple, dont je n’espérais pas plus de secours que des hôtes que j’avais quittés. Quoi qu’il me fût facile de distinguer les maisons des grands, je ne voyais aucune apparence de m’en procurer l’accès, et ma timidité contre laquelle j’avais combattu, l’emportant enfin sur ma résolution, je me crus plus malheureuse qu’au premier moment qui avait suivi la mort de mon père. Je serais retournée dans la maison d’où je sortais si j’avais eu quelqu’espoir de la retrouver ; mais ouvrant les yeux sur mon imprudence, j’en fus si effrayée que ma perte me parut inévitable.

« Cependant, je connaissais aussi peu les