Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/79

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vrit pas moins habilement que je l’avais remise à l’esclave. Elle se crut maîtresse de mon secret. Dès le même jour elle se procura la facilité de m’entretenir à l’écart, et, m’ayant déclaré l’avantage qu’elle avait sur moi, elle me confia à son tour une intrigue fort dangereuse où elle était engagée depuis quelques semaines. Elle recevait un jeune Turc, qui risquait témérairement sa vie pour la voir. Il passait au long des toits jusqu’au-dessus de sa fenêtre, où il trouvait le moyen de descendre à l’aide d’une échelle de cordes. La communication que j’avais avec toutes les femmes du Bacha n’ayant point empêché que je n’eusse conservé mon premier appartement, sa situation avait paru plus commode à mon adroite compagne, et le service qu’elle attendait de moi était d’y cacher pendant quelques jours son amant, qu’elle ne voyait point assez librement dans sa chambre.

« Cette proposition m’effraya. Mais j’étais liée par la crainte de quelque trahison. Ce que j’apprenais même ne pouvait servir de frein à cette femme téméraire, parce que je n’avais point de preuve à donner de l’aveu qu’elle m’avait fait, et que sur mon refus elle pouvait rompre toutes les traces de son commerce en cessant de recevoir son amant ; au lieu que ma lettre et les deux esclaves qui étaient dans ma confidence déposaient à tous moments contre moi. Je me soumis à toutes les lois qu’elle voulut m’imposer. Son amant