Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/88

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les fondements avant la fin du jour.

J’étais invité à dîner chez le Sélictar. Il m’interrogea beaucoup sur l’état où j’avais laissé mon esclave. Je le fis souvenir qu’elle devait porter un autre nom, et, l’assurant que mon dessein était de la laisser jouir de tous les droits que je lui avais rendus, je le confirmai absolument dans l’opinion que je lui avais donnée de mon indifférence. Il s’en crut plus autorisé à me demander où elle était logée. Cette question m’embarrassa. Je ne pus m’en défendre que par un badinage agréable sur le repos dont elle avait besoin en sortant du sérail de Chériber, et sur le mauvais office que je lui rendais en découvrant sa retraite. Mais le Sélictar me jura si sérieusement qu’elle n’aurait rien à craindre de ses importunités, et qu’il ne pensait ni à la troubler, ni à la contraindre, qu’après la confiance qu’il avait eue à mes serments, je ne pus refuser avec bienséance de me rendre aux siens. Je lui appris la demeure du maître de langues. Il me renouvela sa parole, avec un air de sincérité qui me rendit tranquille. Notre entretien continua sur le mérite extraordinaire de Théophé. Ce n’était pas sans efforts qu’il avait fait violence à son inclination. Il me confessa qu’il ne s’était jamais senti plus touché par la figure d’un femme.

« Je me suis hâté de vous la rendre, me dit-il, de peur que ma faiblesse n’augmentât pour elle, en la connaissant mieux, et que