Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/91

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était chargé de les recevoir, et de remettre l’esclave à ceux qui la viendraient prendre par ses ordres. Chériber, qui lui avait commandé au contraire de la conduire chez son ami, s’était reposé sur lui de ce soin et n’avait pas eu la moindre défiance du compte qu’il lui en avait rendu. Mais apprenant qu’il n’avait pas été moins joué que le Sélictar, sa colère avait été furieuse. Et dans un homme à qui il confiait aveuglément la conduite de ses affaires, il avait jugé que cette tromperie n’était pas la première. Ainsi, pour tirer l’aveu de ses autres crimes autant que pour le punir de celui-ci, il l’avait forcé de révéler tout l’abus qu’il faisait de sa confiance. L’aventure de Théophé avait paru à Chériber une de ses plus noires friponneries. Il ne pouvait lui pardonner les injustices qu’il lui avait fait commettre contre une personne libre. « Loin de la traiter en esclave, j’aurais respecté les malheurs, j’aurais pris soin de sa fortune : et toute ma surprise est qu’elle ne m’ait jamais fait connaître la vérité par ses plaintes. »

Ce récit me causa bien moins d’étonnement qu’au Sélictar. Cependant, je continuai de cacher ce qu’il était inutile de leur apprendre, et la manière dont je parlai à Chériber fit concevoir au Sélictar que je souhaitais toujours de n’être pas mêlé dans cette aventure. L’intendant ayant été introduit, son maître le força de nous raconter dans quelles circonstances il avait trouvé la