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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/161

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couvrir de honte. Je l’aurais fait cette nuit, si la force de mon ancienne tendresse ne m’eût encore porté à garder des ménagements. Mais comptez que j’ai tout vu, tout entendu, et qu’il faut être aussi faible que je le suis encore, pour vous marquer si peu de mépris et de ressentiment ! »

On pénètre sans peine quel était le but de ce discours. Je voulais me délivrer absolument des doutes qui me tourmentaient encore, et je feignis d’être bien instruit de tous les sujets de mes craintes. Les désaveux de Théophé furent si nets, et les marques de sa douleur si naturelles, que s’il y avait quelque fond à faire sur les justifications d’une femme qui a autant d’esprit que d’amour, il ne me serait peut-être pas resté la moindre défiance de sa sincérité. Mais ce n’est point encore ici que je m’en remets au jugement de mes lecteurs. Le procès de mon ingrate n’est instruit qu’à demi.

Tout le temps qui restait jusqu’à l’heure du dîner fut employé entre elle et moi dans d’autres discussions, dont je ne tirai pas plus de lumières. On nous avertit enfin qu’on avait servi. J’étais impatient de voir quelle figure les deux amants allaient faire en ma présence ; et ma curiosité était surtout pour le premier compliment que j’allais recevoir du comte.

Théophé avait sans doute autant d’embarras, que moi d’impatience. Mais je ne vis point le comte à table ; ce ne fut que