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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/162

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dans l’entretien que j’eus avec les convives que j’appris qu’il était parti dans une chaise de poste, après avoir fait ses adieux à toute la maison. Quelque sujet d’étonnement que je trouvasse dans cette nouvelle, j’affectai de ne faire aucune réflexion sur son départ, et, jetant seulement les yeux sur Théophé, j’observai qu’elle se faisait une violence extrême pour ne laisser paraître aucune marque d’altération. Elle se retira dans sa chambre après le dîner. Je l’aurais suivie sur-le-champ si je n’eusse été retenu par le capitaine français dont j’ai parlé qui, ayant eu jusques alors la discrétion de ne pas témoigner qu’il me connût, s’approcha ensuite de moi pour me faire les civilités qu’il crut me devoir. J’ignorais encore par quelle aventure il avait découvert mon nom. En m’expliquant avec lui, j’appris non seulement ce qui s’était passé au jardin, mais les raisons qui avaient causé la fuite du comte. Le capitaine m’en fit des excuses, comme s’il eût appréhendé mes reproches.

« N’étant pas prévenu, me dit-il, sur l’opinion que vous avez fait prendre ici de la jeune personne qui est avec vous, j’ai satisfait naturellement aux questions du comte. Il m’a parlé de votre fille. J’ai eu l’imprudence de répondre que vous n’en aviez point, et, sans vous connaître personnellement, je savais avec toute la France que vous n’êtes point marié. Il m’a fait répéter plusieurs fois cette réponse, et j’ai conçu, par quelques