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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/169

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fallait leur laisser la liberté de s’éloigner.

On n’avait pu cacher cette aventure à Théophé. Le bruit des armes et le tumulte qu’elle vit autour d’elle, lui causèrent une frayeur dont elle ne se remit pas aisément, ou peut-être donna-t-elle ce nom au redoublement de chagrin qui la consumait secrètement depuis Livourne. Sa langueur aboutit à une fièvre déclarée qui fut accompagnée de plusieurs accidents fort dangereux. Elle ne se trouva pas mieux en arrivant à Marseille. Quelques raisons que j’eusse de hâter mon retour à Paris, l’état où je la voyais ne me permit ni de l’exposer aux agitations d’une voiture, ni de l’abandonner aux soins de mes gens dans une ville si éloignée de la capitale. Je retournai près d’elle, avec les mêmes complaisances et le même zèle dont je ne m’étais point relâché dans le cours de notre voyage. Chaque moment m’apprenait que ce n’était plus l’amour qui continuait de me la rendre chère ; c’était le goût que je prenais à la voir et à l’entendre ; c’était l’estime dont j’étais rempli pour son caractère ; c’étaient mes propres bienfaits, qui semblaient m’attacher à elle comme à mon ouvrage. Il ne m’échappait plus une expression passionnée, ni une seule plainte des tourments que je lui voyais souffrir pour mon rival.

Elle se rétablit par degrés, après avoir été si mal que les médecins avaient désespéré plus d’une fois de sa guérison. Mais sa