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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/170

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beauté se ressentit d’un si long accablement ; et si elle ne put perdre la régularité de ses traits, ni la finesse de sa physionomie, je trouvai beaucoup de diminution dans la beauté de son teint et dans la vivacité de ses yeux. Ces restes ne laissaient pas de composer une figure des plus aimables. Plusieurs personnes de distinction avec lesquelles je m’étais lié pendant sa maladie venaient souvent chez moi, par le seul désir de la voir. M. de S***, jeune homme destiné à une grosse fortune, ne dissimula point la tendresse qu’elle lui avait inspirée. Après en avoir parlé longtemps comme d’un badinage, ses sentiments devinrent si sérieux, qu’il chercha l’occasion de les lui faire connaître. Il la trouva aussi insensible qu’elle l’avait été pour moi, comme si son cœur n’eût pu s’ouvrir que pour l’heureux comte qui avait trouvé le secret de la toucher. Elle me pria même de la délivrer des importunités de ce nouvel amant. Je lui promis ce service, sans en prendre droit de lui rappeler mes propres désirs. Et pour en parler naturellement, ils étaient éteints jusqu’à n’être plus différents du simple penchant de l’amitié.

L’explication que j’eus avec M. de S*** produisit si peu ce qu’elle en avait attendu, qu’il s’en crut au contraire plus autorisé à la presser par les témoignages continuels de sa tendresse. Il avait été retenu par la crainte de se trouver dans quelque concurrence