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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/30

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qu’on n’avait pas douté qu’ils ne fussent les principaux fondements de l’entreprise de l’Aga.

En effet, la crainte d’une cruelle torture, dont ils n’avaient pu soutenir l’approche à leur âge, les avait forcés d’avouer qu’ils étaient entrés dans la conspiration, et que le projet formé entre les conjurés était de passer en Égypte avec Ahmet, si l’on ne réussissait point à l’établir tout d’un coup sur le trône. Cet aveu n’avait point empêché qu’on ne leur eût fait souffrir divers tourments, pour tirer d’eux le nom de tous leurs complices, et pour s’assurer particulièrement si le Bostangi Bafio et le Sélictar étaient coupables. Mais soit qu’ils ignorassent en effet, soit qu’ils se fussent piqués de la même constance que l’Aga, ils avaient persisté jusqu’à la mort à ne les charger d’aucune trahison.

« Quatre heures plus tôt, me dit le Grand Vizir, vous les auriez trouvés étendus dans mon antichambre, car c’est avec moi qu’ils ont eu le dernier entretien, et l’ordre du Grand Seigneur était qu’ils fussent exécutés en me quittant. »

Quelque saisissement que je ressentisse d’une catastrophe si récente, un reste d’amitié pour le Sélictar me fit demander au Grand Vizir s’il était assez justifié pour se montrer sans crainte.

« Écoutez, me dit-il, je l’aime et je suis fort éloigné de le chagriner mal à propos ; mais