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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/29

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point d’indulgence, je demandai au Grand Vizir si celui de Chériber et d’Azet était un mystère que je ne dusse pas pénétrer. Il me répondit que leur crime et leur supplice seraient publiés le lendemain, et que c’était m’accorder une faveur légère que de me les apprendre quelques heures plus tôt. Aurifan Muley, Aga des Janissaires, irrité depuis longtemps contre la Cour, qui avait entrepris de diminuer son autorité, s’était proposé de mettre sur le trône le prince Ahmet, second frère du Sultan, qu’il avait élevé dans son enfance, et qui s’était fait renfermer depuis quelques mois dans une étroite prison, pour quelques railleries auxquelles il s’était échappé contre son frère. Il avait fallu s’assurer des dispositions de ce Prince, et former des intelligences avec lui dans sa prison. L’Aga y était parvenu avec une adresse dont les ressorts n’étaient pas encore connus, et c’était le seul embarras qui restait au Ministre. En cédant à la force des tourments qui lui avaient arraché la confession de son crime, il avait gardé une fidélité inviolable à ses amis, et le Vizir m’avoua lui-même qu’il ne pouvait lui refuser son admiration ; mais ses étroites liaisons avec Chériber et Dely Azet, qui avaient été successivement les deux derniers Bachas d’Égypte, avaient fait prendre au Divan le parti de les arrêter. Ils possédaient tous deux d’immenses richesses, et leur crédit était encore si puissant dans l’Égypte,