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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/33

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n’en était pas sorti. Cependant m’en étant fait expliquer plus soigneusement les circonstances, j’appris d’eux tout ce qu’ils en avaient pu découvrir.

Les cris de Synèse les avaient attirés dans l’appartement de Théophé, où ils avaient trouvé ce jeune homme aux prises avec le Sélictar, et déjà blessé d’un coup de poignard qui mettait sa vie en danger. Bema semblait prendre parti contre lui, et pressait le Sélictar de le punir. Ils les avaient séparés. Le Sélictar s’était dérobé avec beaucoup d’adresse, et Synèse était demeuré baigné de son sang, tandis que Théophé conjurait mes domestiques de ne pas perdre un moment pour me faire avertir.

Ce soin qu’elle avait eu de penser à moi me toucha jusqu’à me faire passer aussitôt dans son appartement. Je fus encore plus rassuré par les marques de joie qu’elle fit éclater en me voyant paraître. Je m’approchai de son lit. Elle saisit ma main, qu’elle serra dans les siennes.

« Ciel ! me dit-elle, avec le mouvement d’un cœur qui paraissait soulagé, de quelles horreurs ai-je été témoin pendant votre absence ! Vous m’auriez trouvée morte d’effroi, si vous aviez tardé plus longtemps. »

Le ton dont ces quatre mots furent prononcés me parut si naturel et si tendre, que sentant évanouir non seulement tous mes soupçons, mais jusqu’à l’attention que je devais aux circonstances, je fus tenté de me