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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/34

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livrer à la première douceur qui eût encore flatté ma tendresse. Cependant je renfermai toute ma joie dans mon cœur, et, me contentant de baiser les mains de Théophé :

« Apprenez-moi donc, lui dis-je avec un transport dont je ne pus empêcher qu’il ne se communiquât quelque chose à mes expressions, ce que je dois penser des horreurs dont vous vous plaignez ? Apprenez-moi comment vous pouvez vous en plaindre, lorsqu’elles se sont passées dans votre chambre ? Que faisait ici le Sélictar ? Qu’y faisait Synèse ? Tous mes gens l’ignorent. Serez-vous sincère à me faire ce récit ?

— Voilà les craintes, me dit-elle, qui m’ont le plus effrayée. J’ai prévu, ne trouvant que de l’obscurité dans ce que vous apprendriez ici, que vous auriez peine à m’exempter de quelques soupçons ; mais j’atteste le Ciel que je ne vois pas plus clair que vous dans ce qui vient d’arriver. À peine étiez-vous parti, continua-t-elle, que n’ayant pensé qu’à me retirer, Bema m’est venue tenir de longs discours auxquels j’ai prêté peu d’attention. Elle m’a raillée du goût que j’ai pour la lecture et pour les autres exercices qui font mon occupation. Elle m’a parlé de tendresse et de la douceur qu’on trouve à mon âge dans les douceurs de l’amour. Cent histoires de galanterie qu’elle m’avait racontées, m’ont paru comme autant de reproches qu’elle me faisait de ne pas suivre de si agréables exemples. Elle a sondé mes senti-