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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/45

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mier moment que je n’avais rien vu en France ni en Italie qui surpassât un si beau spectacle. Je n’en promets point une description. Ces détails ont toujours de la langueur dans un livre ; mais si je craignis un moment que je n’eusse bientôt quelque sujet de me repentir d’avoir engagé Théophé à ce voyage, ce fut lorsque le Sélictar, après lui avoir fait admirer tant de magnificence, lui en offrit l’empire absolu, avec toutes les explications qu’il lui avait déjà proposées. J’eus peine à cacher la rougeur qui se répandit malgré moi sur mon visage. Je jetai les yeux sur Théophé, et j’attendis sa réponse avec un trouble dont elle m’a confessé depuis qu’elle s’était aperçue.

En protestant au Sélictar qu’elle sentait le prix de ses offres, et qu’elle en avait toute la reconnaissance qu’il avait droit d’attendre, elle lui parla de ses sentiments comme du plus bizarre assemblage du monde, et le moins propre à lui faire trouver du goût dans les avantages qui flattent ordinairement la vanité des femmes. Quoique le ton dont elle accompagna sa réponse parût fort enjoué, elle nous dit des choses si justes et si sensées sur la sagesse et le bonheur, que j’admirai moi-même un discours auquel je m’attendais si peu, et que je me demandai avec étonnement dans quelle source elle les avait puisées.

La conclusion qu’elle en tira fut que tout le reste de sa vie était destiné à la pra-