Aller au contenu

Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réservé à mes sentiments, je voulais qu’il n’eût jamais à me reprocher d’avoir mis le moindre obstacle aux siens. Je lui devais cette complaisance après avoir contribué peut-être à les faire naître par la facilité que j’avais eue d’abord à les approuver ; et s’il arrivait que Théophé prît jamais ceux que je lui souhaitais pour moi, j’étais bien aise que mon ami perdît tout à fait l’espérance avant que de s’apercevoir que j’étais plus heureux que lui.

Si Théophé marqua quelque étonnement de notre projet, elle n’y fit point d’objection lorsqu’elle fut assurée que je devais être sans cesse avec elle, et qu’il n’était question que de m’accompagner. Je lui donnai une suite qui pût la faire paraître avec distinction chez le Sélictar. Il m’avait parlé de sa maison comme du centre de sa puissance et de ses plaisirs, c’est-à-dire qu’avec tous les ornements qui sont au goût des Turcs, il y avait un sérail et une prodigieuse quantité d’esclaves. Je l’avais entendu vanter d’ailleurs comme le plus beau lieu qui fût aux environs de Constantinople. Il était à huit milles de ma maison. Nous n’y arrivâmes que le soir, et je fus privé ce jour-là du plaisir de la perspective, à laquelle il n’y a peut-être rien de comparable dans aucun autre lieu du monde. Mais le Sélictar nous prodiguant aussitôt tout ce qu’il avait recueilli de richesses et d’élégances dans l’intérieur des édifices, je fus obligé de convenir dès le pre-