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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/47

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fut ni des richesses ni des agréments qui s’y présentaient de toutes parts. Le souvenir de l’état d’où elle était sortie, se renouvela si vivement dans sa mémoire, que je la vis tomber dans une mélancolie profonde, qui ne la quitta point pendant plusieurs jours. Dès le lendemain elle profita de la liberté que le Sélictar nous accorda d’y retourner aussi souvent que nous le souhaiterions sans lui, pour y aller passer une partie du jour, et son occupation fut d’y lier des entretiens avec les femmes dont la physionomie l’avait le plus touchée. Le goût qu’elle y avait paru prendre dans une si longue visite charma le Sélictar, tandis que j’en ressentais peut-être quelque alarme. Mais la discrétion m’ayant empêché de la suivre, j’observai le moment qu’elle en sortit pour la rejoindre. L’air de tristesse qu’elle en rapportait me fit supprimer mes reproches. Je lui demandai au contraire ce qui avait mis ce changement dans son humeur. Elle me proposa de faire un tour de promenade au jardin, sans avoir répondu à cette question.

Le silence qu’elle continua de garder commençait à me surprendre, lorsqu’elle m’annonça enfin sa réponse par un profond soupir.

« Quelle variété dans les événements de la vie ! me dit-elle avec le tour moral qu’elle donnait à toutes ses réflexions. Quel entraînement de choses qui ne se ressemblent point, et qui ne paraissent pas faites pour