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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/65

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Ce scrupule m’aurait fait prendre des résolutions chagrinantes pour le chevalier, s’il ne m’en eût délivré en arrivant à Constantinople. Il me déclara qu’après le service que j’allais lui rendre, son dessein était de se rendre en Sicile, non-seulement pour se mettre en état de restituer ce qu’il m’en coûterait pour sa liberté, mais dans le dessein de pressentir s’il n’y avait point d’espérance de se faire relever de ses vœux. Son malheur avait servi à mûrir ses sentiments. Il considérait que Maria Rezati était une fille unique, dont il avait ruiné la conduite et la fortune.

Avec mille qualités qu’il ne cessait pas d’aimer, et dont l’idée même du sérail ne le dégoûtait pas, elle avait assez de bien pour borner son ambition. Toutes ces réflexions qu’il me communiqua avec beaucoup de tranquillité et de sagesse, le déterminaient à ne rien épargner pour se procurer la liberté de l’épouser.

Je louai ses intentions, quoique j’y prévisse des difficultés dont il ne paraissait pas s’effrayer.

Le Sélictar vit sur-le-champ Nady Émir, qui était revenu à la ville. Il en obtint le chevalier aussi facilement qu’il s’en était flatté. Mais quoique sa générosité le portât encore à me le rendre sans condition, je me servis de la certitude que j’avais d’être remboursé moi-même, pour le faire consentir à recevoir mille sequins qu’il avait à payer à Nady.