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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/81

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duire à sa chambre, d’où l’on me dit qu’il ne pouvait encore s’éloigner.

Il serait entré dans le sein de la terre, si elle s’était ouverte pour le cacher à mes regards. Je le rassurai par mes premières expressions, et je le priai seulement de m’apprendre le fond de ses vues, dont j’ajoutai que je connaissais déjà la meilleure partie. Cette demande était équivoque, quoique ma pensée ne se portât pas plus loin que la visite qu’il avait rendue à Théophé. Je le vis trembler de saisissement, et, son embarras me faisant naître des soupçons qui ne s’étaient pas présentés à mon esprit, je l’augmentai en redoublant mes instances. Il fit un effort pour se lever, et lorsque je l’eus forcé de demeurer dans sa situation, il me conjura de prendre pitié d’un malheureux jeune homme qui n’avait jamais pensé à m’offenser. J’écoutais d’un air sévère. Il me dit qu’il était toujours prêt à reconnaître Théophé pour sa sœur, et qu’il serait plus ardent que ses frères à lui donner cette qualité, lorsqu’il plairait à son père de s’expliquer ; mais qu’à la vérité, ne voyant point assez de certitude dans sa naissance pour s’arrêter à cette idée, il s’était livré à d’autres sentiments qui pouvaient devenir aussi avantageux à Théophé que la révélation de sa naissance et quelque légère partie de l’héritage de Condoidi ; en un mot, qu’il lui offrait de l’épouser, que malgré la loi de sa famille, qui assurait toutes les