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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/80

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l’autre de nous borner à la simple amitié ? »

C’était dans le fond ce que je pouvais penser de plus sage ; mais je me flattais mal à propos d’être aussi maître de mon cœur que de ma conduite. Si je renonçai sur-le-champ à l’envie d’employer d’autres voies que mes soins pour toucher le cœur de Théophé, et si je m’imposai des lois plus sévères que jamais dans la familiarité où je ne pouvais éviter de vivre avec elle, je n’en conservai pas moins le trait que je portais au fond du cœur. Ainsi la plus intéressante partie de ma vie, c’est-à-dire le détail intérieur de ma maison, allait devenir pour moi un combat perpétuel. Je le sentis dès le premier moment, et je me livrai aveuglément à cette espèce de supplice. Que j’étais éloigné néanmoins de prévoir les tourments que je me préparais !

Synèse que je n’avais pas encore vu depuis sa blessure, et qui commençait à se rétablir, envoya pour la première fois un de mes gens, qui vint interrompre mes tristes méditations pour me faire ses excuses. Je l’avais négligé depuis son aventure, et, ne me trouvant pas fort offensé de l’entreprise d’un amant, je m’étais contenté de donner ordre qu’on prît soin de lui, et qu’on le renvoyât chez son père après sa guérison. Mais la soumission qu’il me marquait me disposa si bien pour lui, que, m’étant informé plus particulièrement de sa santé, je me fis con-