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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/84

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certé. Mais, se remettant aussitôt, il me remercia d’avoir arrêté les téméraires inclinations de son fils.

« Je lui destine un parti, ajouta-t-il, qui conviendra mieux à sa fortune qu’une fille dont l’unique avantage est l’honneur que vous lui accordez de votre protection. »

J’insistai, en lui représentant qu’il ne serait peut-être pas toujours le maître de s’opposer à l’ardente passion d’un jeune homme. Il me répondit froidement qu’il avait des moyens infaillibles ; et, faisant prendre un autre tour à notre conversation, le rusé Grec éluda pendant plus d’un heure tous les efforts que je fis pour l’y ramener. Enfin, prenant congé de moi avec beaucoup de politesse, il donna ordre à son fils de le suivre, et ils reprirent tous deux le chemin de Constantinople.

Ce fut plusieurs jours après, qu’étant étonné de n’avoir point entendu parler de Synèse, la curiosité me fit envoyer un de mes gens à Constantinople, avec ordre de s’informer de l’état de sa blessure.

Son père, qui sut qu’on venait de ma part, me fit remercier de mon attention, et joignit malicieusement à cette politesse, que je pouvais être désormais sans inquiétude pour le mariage de son fils, parce que l’ayant renvoyé dans la Morée, sous une bonne garde, il était sûr qu’il ne s’échapperait point aisément du lieu où il avait donné ordre qu’il fût enfermé. J’eus assez de bonté pour être