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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/86

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ter dans un pavillon de mon jardin, où je ne voulus avoir auprès de moi que mon médecin et mon valet de chambre. Cette précaution, que je devais à la charité, en était d’ailleurs une de prudence, parce que je n’aurais pu délivrer ma maison de cette fâcheuse maladie, si elle s’était une fois communiquée à mes domestiques. Mais un ordre qui semblait regarder particulièrement Théophé n’eut pas plus de pouvoir que la crainte pour l’empêcher de me suivre. Elle entra malgré mes gens dans le pavillon, et rien ne fut capable de refroidir un moment ses soins.

Elle tomba malade elle-même. Mes instances, mes supplications, mes plaintes ne purent la faire consentir à se retirer. On lui dressa un lit dans mon antichambre, d’où toute la force de son mal ne l’empêcha point d’être continuellement attentive au mien.

De quels sentiments n’eus-je point le cœur pénétré après notre rétablissement ?

Le Sélictar, qui avait été informé de ma maladie me rendit une visite d’amitié aussitôt qu’il crut le pouvoir sans indiscrétion.

Son cœur n’était pas tranquille. Le temps qu’il avait passé sans venir à Oru, avait été à combattre une passion dont il commençait à sentir qu’il ne recueillerait jamais aucun fruit. Mais il ne put apprendre de moi-même les tendres soins qu’elle avait eus pour moi, sans marquer par son embarras et par