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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/93

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devenue si redoutable que je n’approchais plus d’elle qu’en tremblant. Les plus doux moments de ma vie étaient néanmoins ceux que je passais à la voir. Je portais partout son idée, et j’avais honte quelquefois au milieu de mes plus graves occupations de ne pouvoir éloigner des souvenirs qui m’affligeaient continuellement.

La connaissance du caloger, qu’elle m’avait procurée, m’engagea dans plusieurs promenades qui convenaient peut-être assez peu à la bienséance de mon emploi ; mais c’était assez que j’accompagnasse Théophé pour n’être sensible qu’au plaisir d’être avec elle. Cependant, je n’ai pu oublier les circonstances de la première visite que nous rendîmes au caloger. Ce n’était à parler proprement qu’un curé, respectable par son âge et par la considération qu’il s’était attirée de tous les Grecs. Son revenu s’était multiplié par son économie, et les présents qu’il recevait sans cesse des fidèles de sa communion suffisaient pour lui faire mener une vie douce et commode. L’ignorance dans laquelle il s’était entretenu jusqu’à l’âge de soixante-dix ans, n’empêchait qu’il eût une bibliothèque, qu’il regardait comme le principal ornement de sa maison.

Ce fut dans ce lieu qu’il m’introduisit, par la haute idée que les Grecs ont du savoir des Français. Mais lorsque je m’attendais à lui voir déployer ses richesses littéraires, je