Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’eau, puis, quand le crépuscule descendait, elles rentraient lentement, s’arrêtant aux détails du chemin, regardant la charrue fendre la terre molle et échangeant tous les jours quelques mots sur le progrès déjà saisissable du printemps.

Et Mme Georges se laissait prendre a l’espérance qu’Élisabeth, remise du choc de la première heure, retrouverait au fond de son cœur d’enfant la tendresse filiale qu’une violente secousse avait pu ébranler, mais non détruire.

Il fallait laisser l’œuvre d’apaisement se faire, sans intervenir, ne rien dire, ne rien demander. Attendre !

Le troisième dimanche qui suivit l’arrivée des dames Georges à X…, Élisabeth voyant le ciel brumeux s’entr’ouvrir tout à coup et un rayon de soleil glisser dans la chambre, s’approcha de la fenêtre d’où, à perte de vue, jusqu’à la lisière sèche et noire de lointaines forêts, on voyait s’étendre la campagne plate avec ses gros bouquets de cerisiers à peine bourgeonnants.