Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/121

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éblouissante. Les gros cerisiers faisaient éclater leurs derniers boutons, et de la terre échauffée montaient des bouffées d’odeur saine, des effluves pénétrants. Une impulsion vers la paix et l’espérance s’échappait si forte de la fantasmagorie éphémère du printemps que le cœur troublé de la mère se laissait prendre, il se laissait prendre au réveil de la vitalité cachée de la terre, qui associe tous les êtres à sa gloire d’un jour.

En marchant, elle foulait des herbes odorantes et de petites fleurs fines aux couleurs pâles. Au-dessus de sa tête, les cerisiers déployaient leurs dômes blancs, et elle s’en allait de plus en plus rassurée, presque légère, buvant l’éternelle illusion des choses, portée par l’ivresse ensorcelante et communicative que verse sur le monde le grand soleil vivifiant de mai.

Elle se disait qu’Élisabeth prise, elle aussi, par cette griserie de fleurs, de parfums et de lumière était allée s’asseoir dans quelque bosquet, aux environs. C’était si nouveau