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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/124

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Il y avait dans sa voix d’ordinaire nette et presque dure des sons étouffés que la banalité de sa remarque n’expliquait pas… Quelle fièvre courait tout à coup dans son sang pauvre pour qu’il vînt ainsi battre ses tempes à flots et que son cœur semblât se vider jusqu’au fond !

À travers la neige des fleurs, elle voyait distinctement une secrète espérance, nourrie dans l’angoisse du doute, s’approcher, toucher à la minute décisive qui allait en faire, tout de suite, une réalité, une joyeuse certitude, ou lui enlever peut-être à jamais la possibilité de briser le joug de son humiliante destinée.

Elle restait immobile à la même place sans oser se retourner. Un mot indifférent sorti des lèvres d’André suffirait à faire évanouir le mirage attirant dont elle avait vécu pendant ces dernières semaines, et elle tremblait de tous ses membres, attendant l’arrêt prochain qui allait la libérer d’un pesant héritage de honte ou la river plus étroitement à sa chaîne.