Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/154

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Elle eut la certitude brusque de voir devant elle Élisabeth, Élisabeth revenue à sa véritable nature, repentante, vaincue par un de ces mouvements de regret spontané qu’autrefois elle lui avait vus si souvent.

Mais ce n’était pas Élisabeth qu’elle vit devant elle. Son espérance trompée lui retomba lourdement sur le cœur, et elle posa sur le nouveau venu des yeux vides et fixes qui n’avaient pas l’air de le voir.

En face de ee visage blême, étalant sans l’expliquer une absolue désolation, l’asthmatique resta un moment paralysé de stupeur, tandis que le soupçon de la vérité lui entrait dans le cœur comme une pointe aiguë. Il recula d’un pas :

— Oh ! oh !

Elle le regarda droit dans les yeux, sans avoir le courage de lui mentir. Oh ! elle comprenait si bien le sens de cette exclamation étouffée. Mais elle ne pouvait pas mentir. Il hésita quelques secondes, navré, sans trouver un mot à dire à cette femme désespérée