Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/169

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Et ce jour-là, comme à l’ordinaire, elle s’efforça, pendant près d’une heure d’éluder la curiosité mal apprise qui la harcelait, rôdant autour de son secret, presque ouvertement.

Esquivant les questions directes, elle détournait l’entretien avec cette adresse souple qu’Élisabeth haïssait, sans quitter des yeux le petit garçon qui s’ébattait dans la chambre. Tout à coup, voyant l’enfant s’approcher de la table où la lettre était restée ouverte, et menacer le papier de ses petits doigts noirs, elle se leva.

— Oh ! dit la mère, soyez sans crainte. Le petit sait se conduire. Il ne touche jamais à rien.

Sans répondre, Mme Georges alla jusqu’à la table, mit tranquillement à l’abri des menottes inquiétantes quelques objets délicats, puis, comme par hasard, elle prit la lettre et la glissa dans sa poche.

— Ce n’était pas la peine d’avoir peur, dit sèchement la visiteuse en se levant. Est-ce que ça sait lire, des mioches comme ça ?