Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/172

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à huis clos, où pas une fois sa fille n’avait tourné les yeux de son côté, elle s’interrogea :

— Ai-je bien fait de souscrire à ce hideux marché ? Était-ce bien ce qu’il fallait faire ? N’ai-je pas cédé trop vite à une crainte lâche de souffrir ?

Elle reprit dans sa poche la lettre d’Élisabeth, et pour la centième fois elle la relut. Elle la relut attentivement, espérant, à force de solliciter les mots, en extraire pour l’avenir une lueur consolante et, pour le présent, le courage de supporter son abandon, sa noire et amère solitude.

Mais, dans le billet laconique d’Élisabeth, il n’y avait rien de ce qu’elle cherchait. C’était une ligne hâtive, annonçant le retour des jeunes gens pour la fin de la semaine, l’annonce sèche d’un fait, sans un seul de ces mots délicats où l’amour maternel dépouillé trouve un apaisement. C’était un avis pur et simple, sans commentaire aucun.

Elle ne pouvait pas même, par ce banal document, se faire une idée de l’état d’esprit