Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/171

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— Allons-nous-en, allons-nous-en.

La visiteuse se dirigea vers la porte et, tout à coup, comme si une bouffée de bonté eût effleuré son âme banale et vide, elle dit :

— C’est égal, on vous regrettera dans la maison, car enfin on n’est pas tenu de tout dire à tout le monde.

— Merci, dit Mme  Georges, en essayant de nouveau de sourire… moi aussi… certainement… je… merci !

Elle resta seule, avec la certitude aiguë d’avoir été pour ces étrangers, qui vivaient sous le même toit qu’elle, une perpétuelle source d’observation et de commérages.

Par où, comment, depuis quand, ce qu’elle croyait avoir gardé si soigneusement caché avait-il filtré au dehors ?

L’atmosphère lourde de son chagrin était-elle donc imprégnée d’un poison de honte si subtil qu’il pénétrait à son insu partout ?

Elle resta un moment la tête cachée dans les mains, et une fois de plus, depuis le mariage d’Élisabeth, triste cérémonie célébrée