Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/176

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tion que cette acceptation silencieuse des faits, cette résignation complète à un sort d’exception devait suffire à effacer sa responsabilité.

Depuis qu’Élisabeth était née et avait rempli jusqu’au bord sa vie désemparée, elle n’avait jamais pu, non, pas un seul instant, faire abstraction de sa présence, se figurer une vie de pénitence possible, sans le constant secours qui lui venait de sa tendresse pour son enfant.

Sans Elisabeth la grandeur du monde désert lui eût glacé le cœur d’effroi. Elle eût erré affolée dans de mornes solitudes, stériles et desséchées, où pas une source rafraîchissante ne serpentait à travers les pierres. Peu à peu l’intense désir de bonheur qui renaît comme une plante vivace aux crevasses de toutes les ruines avait pris racine sur les débris de son passé et en avait caché les détériorations.

L’idée poignante de sa déchéance s’était adoucie, sa faute, en quelque façon, légiti-