Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/177

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mée, au fond de sa conscience par l’indispensable présence d’Elisabeth, s’était réfugiée dans une place forte où aucun remords ne l’inquiétait plus.

Longtemps, longtemps, elle resta abîmée dans ses pensées, cherchant à éclairer le dédale obscur où, dans un chaos contradictoire, les impressions saines et vivaces de sa jeunesse se mêlaient tout à coup à la torturante obsession du présent.

Elle alla enfin regarder dehors. En face des fenêtres un mur blanchi à la chaux arrêtait la vue à dix mètres, mais au-dessus de ce mur on apercevait, entre l’angle des toitures, un bout de ciel bleu.

Elle fixa un moment cette échappée lumineuse, puis ses lèvres s’entr’ouvrirent :

— Mon Dieu, mon Dieu, est-ce que c’est possible ?

Et elle ajouta sourdement :

— Élisabeth, mon enfant, ma petite fille, oui, il aurait mieux valu qu’elle ne vînt jamais au monde !