Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/185

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C’était la première fois depuis son mariage qu’elle était ainsi livrée à elle-même, et elle souffrait de son isolement comme si, séparée d’André, elle retrouvait tous les anciens plis soucieux de son esprit.

Tout à coup elle s’arrêta et regarda autour d’elle. Un parfum de fleurs chauffées au grand soleil d’été, une odeur forte qu’elle détestait la tirait de sa rêverie.

Au-dessus du mur faisant face à leur ancienne demeure, elle vit la tête droite et blanche du seringa en pleine floraison. Elle murmura :

— Suis-je assez folle ! Mais qu’est-ce que je fais ? Où est-ce que je vais ?

Et elle regarda un moment les deux fenêtres sans rideaux, qui semblaient fixer sur elle des yeux morts.

Sa préoccupation intérieure lui avait fait oublier qu’après son départ sa mère avait changé de demeure. Pourquoi ce changement ? Elle l’ignorait. Le fait lui avait été communiqué pendant son voyage, sans explication.