Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle rebroussa chemin et, voyant passer dans la vitrine des grands magasins sa silhouette claire qui fuyait, elle sentit la remarque distraite d’André la blesser une troisième-fois à la même place : « À la bonne heure, plus de noir ! »

Se regarder marcher sous ce costume voyant, trop clair pour son teint maladif, cela lui donnait un malaise inconnu. Sous cet attirail frais, rose et blanc, elle ne se reconnaissait presque pas, et elle allait très vite, fouettée d’impatience, de plus en plus pressée d’en avoir fini avec cette excursion solitaire.

Ce fut Gertrude qui répondit au coup de sonnette nerveux et sec, qui résonna très fort dans le silence.

Sans rien dire, la servante s’effaça, se colla au mur pour laisser passer la jeune femme. Tout de suite Élisabeth reconnut la piqûre de cette hostilité de bas étage. L’ancienne malveillance silencieuse marchait derrière elle, suivait dans l’étroit corridor obscur le sillon de sa fraîche toilette neuve. Elle