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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/189

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— J’ai souffert.

En même temps, elle recula sa chaise de façon à ce que l’ombre cachât les dégâts de son visage.

Elisabeth resta un moment silencieuse. Une pitié avait passé sur elle, une de ces courtes crispations intérieures qu’elle avait si souvent, dans sa vie passée, éprouvées vis-à-vis de sa mère. Tout ce que, dans d’autres circonstances, elle aurait pu sentir et dire assaillit un moment son cœur d’enfant révolté.

Mais cette sensation passa vite, si vite que son visage blanc n’en trahit pas même le passage. Il garda son impassibilité d’expression.

Elle dit enfin de son ton naturel, toujours froid :

— Nous avons vu beaucoup de choses en voyage. Et elle énuméra Marseille, Cannes, Gênes, avec quelques mots de rapide description qui ne trahissaient rien de ses impressions personnelles, une simple revue de choses extérieures débitée hâtivement, au gré de ses souvenirs. De temps en temps, comme par