Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/20

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ce qui se passait autour d’elle. Elle regardait deux vieux fauteuils aux bras engageants, meubles fanés, d’une moquette de couleur éteinte, et elle finit par s’asseoir dans l’un d’eux en disant presque gaîment.

— On dirait qu’ils sont vivants ces vieux, vieux fauteuils.

La mère sourit du bout des lèvres, très légèrement, et, sans répondre, elle continua à aller et venir dans le désordre de la chambre, rangeant d’une main vive, un peu nerveuse, des objets quelconques.

Il n’arrivait jamais qu’une remarque faite par Élisabeth tombât ainsi dans le silence. La jeune fille trouvait pour chacune de ses paroles, pour chacun de ses rares sourires, un écho toujours prêt.

Du fond du fauteuil où elle s’était nichée, Élisabeth, étonnée du silence de sa mère, la regarda, et tout à coup elle comprit. Elle se leva d’un bond, courut à elle et l’entoura de ses longs bras osseux. Comment, comment n’avait-elle pas deviné tout de suite ? Tous