Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/225

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ne peut marcher la tête haute toute sa vie, sans avoir rien à se reprocher. Que diable ! la terre n’est pas peuplée d’anges. J’ai rencontré ta mère l’autre jour. C’est à peine si je l’ai reconnue. C’est une vieille femme, à présent, une ruine ; c’est à n’y pas croire. Est-ce que toi, sa fille, tu n’as aucune pitié d’elle ?

— Je ne puis pas oublier la honte, la honte, dit Elisabeth sourdement. Oh ! s’il n’y avait pas cette honte !

André lui prit brusquement les deux mains :

— Écoute-moi, Élisabeth, j’aime mieux te dire les choses comme elles sont. Tu feras ce que tu voudras. Si demain soir je n’ai pas dix mille francs dans la main, il faudra coûte que coûte vendre la tannerie et perdre, avec les chances de l’avenir, le capital engagé. Si ta mère, au contraire, consent à nous prêter cette somme, nous pouvons faire face aux premières nécessités, retrouver la confiance du public, remettre à flot une superbe entreprise. Comprends-tu ?

— Mais, murmura Élisabeth tremblante,