Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/232

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C’était un large faubourg misérable, avec, de droite et de gauche, de vastes terrains vagues d’une nudité lugubre sous le ciel gris.

Des petites masures basses, des échoppes de tout métier pullulaient sur ces espaces de terre arides et libres.

Le fiacre s’arrêta enfin en face d’un bâtiment de briques rouges, ternies, noircies, mangées par l’air et l’eau, dressant très haut une carcasse piteuse.

Élisabeth sauta lestement sur le pavé, et, avant d’entrer, elle regarda un moment, le cœur un peu serré, l’étrange bâtisse dégradée et sale. Était-il possible qu’il y eût là des promesses pour l’avenir, une sécurité pour l’argent de sa mère ?

À travers la cassure des petites vitres verdâtres formant les grandes fenêtres d’éclairage, on apercevait des roues immobiles, des bouts de lanières rompues, restées accrochées aux poutrages vermoulus, toute une machinerie délabrée et silencieuse, couverte de longues toiles d’araignée pendant, déchirées,