Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/235

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Quelques gouttes de pluie continuaient à tomber rares et menues. La jeune femme s’orienta, sortit des grandes artères et se trouva à l’entrée du parc ombreux et solitaire, où, si souvent, autrefois, lorsqu’elle était une toute petite fille, elle était venue courir autour des marbres sous l’œil attentif de sa mère, les dimanches d’été.

Dans ce temps-là le souffle mortel n’avait pas encore passé sur sa tendresse, la flétrissant comme le froid d’une nuit tue la fleur nouvellement éclose.

Si elle souffrait déjà alors, dans sa petite âme molle d’enfant, de la solitude de ses heures, et de l’humeur acariâtre de Gertrude, c’était d’une façon vague et indécise, au gré de sensations flottantes, que son esprit n’analysait pas encore, et qu’un seul sourire de sa mère chassait.

Dans ce temps-là, oui, elle aimait sa mère aveuglément.

Aujourd’hui, à la place où vivait jadis un sentiment unique, si fort, il n’y avait