Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/236

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plus que des débris, la ruine, la désolation.

Rien n’était changé dans ce cadre frais où autrefois, en plein air libre, ses joies enfantines éclataient au soleil. Les arbres vigoureux n’avaient pas sensiblement grandi ; dans le bassin de pierre, le jet d’eau svelte éparpillait toujours au vent ses gouttelettes de cristal ; à peine, pendant toutes ces années lentement disparues, les buissons bas sans cesse taillés, émondés, mutilés, avaient-ils pris une épaisseur plus massive. Non, rien, absolument rien n’était changé dans l’aspect extérieur des choses. Le temps semblait avoir glissé sans y toucher au travers des feuilles et des fleurs. Mais pour les floraisons intérieures, cette bienfaisante loi de renouvellement n’existait pas. Ce qui était mort en elle était mort, sans retour possible à la vie, sans perspective aucune d’une renaissance quelconque.

L’approche de la pluie avait dégarni les bancs. Seules quelques voitures d’enfants, retardataires, se hâtaient vers la sortie, faisant crier le gravier des allées.