Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/239

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enveloppe, et enfin le mouvement vif de sa mère en lui tendant le pli sans la regarder.

Et elle ? Qu’avait-elle trouvé à dire ? Quelles paroles étaient sorties de son gosier serré de honte, d’angoisse ? Aucunes.

Elle s’était enfuie, le cœur si plein qu’elle n’avait pas pu articuler un simple merci ; non, pas même cela. Elle s’était enfuie, le visage brûlant, et, pas à pas, jusqu’au moment où elle avait jeté ce détestable argent dans la main d’André, l’image douloureuse, avec son obsédant sourire de joie, l’avait accompagnée ; elle l’avait suivie comme un fantôme effrayant, tantôt mêlée à la cohue des rues, tantôt assise silencieuse à côté d’elle sur la banquette du fiacre, et maintenant circulant mystérieusement dans les allées désertes où la pluie tombait en avalanche.

Elle était enfin arrivée à l’adresse donnée par André, et elle lui avait remis l’enveloppe qu’elle avait tenue pendant l’interminable course à travers la ville, serrée entre le pouce et l’index. Elle la lui avait presque jetée :