Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/238

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s’essuya les yeux, résolue à se dominer, et, reprenant une à une les étapes de sa longue après-midi, elle essaya de la revivre tout entière, heure par heure, à la lumière de son bon sens, sans permettre aux insinuations peut-être mensongères de sa passion d’intervenir.

Tout d’abord, elle revit l’étonnement intense de sa mère à sa demande hésitante.

Dans les grands yeux tendres et tristes, une stupéfaction s’était peinte, si vive qu’Elisabeth avait cru au premier instant que sa tentative serait repoussée sans examen.

Mais, s’il y avait eu une hésitation dans l’esprit de sa mère, elle n’avait duré que l’espace d’une seconde. Elle s’était dissipée instantanément, et une expression de joie, un épanouissement de la figure fanée avait aussitôt remplacé le premier choc de surprise.

Un peu plus tard, lorsque Gertrude était rentrée, rapportant de la banque l’argent, elle revoyait l’incertitude de la longue main veinée, le tremblement des longs doigts maigres cherchant à introduire les dix billets dans une