Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/241

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Luttant avec quelque chose d’obscur qui s’agitait dans son âme, elle passait en revue rapidement les deux années de sa vie conjugale, et tous les faits du passé semblaient se souder et se compléter d’une façon inattendue. En même temps, une certitude abominable, tenue jusque-là captive, bataillait énergiquement pour briser ses liens.

Parmi tous ses souvenirs amers, il y en avait un plus irritant que les autres, mais si insignifiant qu’elle ne trouvait pas de forme à lui donner. C’était pourtant à cette réminiscence futile qu’elle devait sa première défiance vis-à-vis d’André. Elle la formula enfin d’une voix contenue :

— Il y a longtemps… un soir… Est-ce toi qui avais donné à Mariette cette fleur de seringa ?

André la regarda, stupéfait :

— Est-ce que tu deviens folle, Élisabeth ?

— Ce jour-là, continua la jeune femme du même ton bas, tu avais envie de te débarrasser de moi. Tu m’as dit : « À la bonne heure,