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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/245

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d’elle le jouet complaisant de ses caprices, André avait spéculé sur son stupide attachement, comme on spécule sur une valeur à intérêt qu’il faut faire travailler. Et il avait joué ce jeu malpropre, sans même en sentir la bassesse, le trouvant tout naturel.

Elle eut un élan de désespoir, elle courut à lui, et lui secoua les deux mains :

— Mais défends-toi, dit-elle ardente, défends-toi. Ne comprends-tu pas ce que tu me fais souffrir ? N’as-tu rien dans le cœur ni dans l’esprit ? Est-il possible que je sois assez malheureuse pour m’être trompée à ce point ? Mais dis donc quelque chose. Ne me laisse pas l’horreur de ce mépris. Défends-toi, dis quelque chose.

André resta un moment perplexe. L’excitation d’Élisabeth lui semblait exagérée jusqu’à friser le ridicule. Il ne comprenait rien à son cri d’angoisse. Tout cela était de la mise en scène, du mélodrame, et à ce moment critique où il avait dans l’esprit d’autres soucis que les crises de nerfs d’une femme à